News-art-aborigène — Art Aborigène d'Australie - Aboriginal Signature Estrangin gallery

galerie d’art, art aborigène, aboriginal signature, blog de la galerie, peinture aborigène

art contemporain

Scènes de chasse dans le bush Australien : les hommes de Tjala

Œuvres des artistes hommes de Tjala dans le APY land : de gauche à droite : Brenton Ken, Ray Ken, Freedy Ken. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Tjala.

Œuvres des artistes hommes de Tjala dans le APY land : de gauche à droite : Brenton Ken, Ray Ken, Freedy Ken. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artist and Tjala.

En résonance avec la magnifique exposition "Kulata Tjuta" d'art Aborigène au Musée des Beaux Arts de Rennes, l'exposition continue à la galerie de façon plus virtuelle et s’enrichit pour l'occasion des trésors cachés de notre stockroom.

Dans cette pièce de la réserve à Bruxelles, nous nous retrouvons au cœur d'une scène de chasse dans le bush Australien du désert central, en compagnie de grands maîtres : les grands initiés et hommes de loi Ray Ken, Freddy Ken et Brenton Ken, tous nées entre 1940 et 1950 et porteurs d'un savoir millénaire.

Ici dans leurs œuvres contemporaines, ils évoquent les contours de lances de plus de 2 mètres, presque en taille réelle. Telles des sentinelles, elles se conjuguent au pluriel et dessinent des lignes parallèles vibrantes et irrégulières comme l’ensemble des touches successives nécessaires au tracé empirique.
On devine les tremblements des mains âgées des artistes.
Leurs approches sont audacieuses et innovantes pour nous révéler leurs connaissances de grands chasseurs, dans l’émotion du partage de ces moments de vie passés.

On y perçoit également la chaleur du désert et les contours des formes qui vibrent dans les vapeurs brûlantes du bush.
D'autres teintes soulignent la terre rouge mais aussi le sang qui coule, ou les mauves du crépuscule dans ces moments de chasse privilégiés.

L'espace-temps s'incarne dans leurs peintures, par les lignes juxtaposées qui suggèrent les crêtes des dunes de sable du bush et les hampes des lances conjuguées.

Telle une fenêtre ouverte, nous entrons dans leur immense espace désertique préservé du APY land.
Leur peinture se fait monde, et embrasse l'univers des hommes dans une sorte d'encyclopédie du savoir, en évoquant les rites d'initiation, la fabrication empirique des lances et des cérémonies de chasse dans leur environnement ancestral.
Avec subtilité s'immisce dans les œuvres un objet emblématique de notre parcours commun : le propulseur. Sur la toile l’écho de sa présence, la force qu’il donne au geste du chasseur, se distingue dans l'écartement des lances, comme si le propulseur bousculait la partition des lignes telluriques juxtaposées du territoire.

Ces grands hommes dont certains viennent de nous quitter, vont intégrer au crépulscule de leur vie les collections des plus grands musées Australiens comme la ART GALLERY OF NEW SOUTH WALES, la ART GALLERY OF SOUTH AUSTRALIA (Adelaïde), la ART GALLERY OF WESTERN AUSTRALIA, NATIONAL GALLERY OF VICTORIA, la NATIONAL GALLERY OF AUSTRALIA et de nombreuses collections privées à travers le globe.

Hommage leur soit rendu.

Découvrez les œuvres disponibles de l'exposition ici :
https://www.aboriginalsignature.com/tjungungku-walkatjunanyu-tjala-painting-together

Wantili – Lieu de la Création - Canning Stock Route – puit n°25

Peinture magistrale de l’artiste Bugai Whyoulter. Format : 125 x 300 cm. Titre : Wantili. Acrylic on linen. Ref : 19-1111. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Martumili Art.

Peinture magistrale de l’artiste Bugai Whyoulter. Format : 125 x 300 cm. Titre : Wantili. Acrylic on linen. Ref : 19-1111. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin Gallery with the courtesy of the artists and Martumili Art.

En 2002 après plus de 20 ans de lutte, les Aborigènes Martu ont récupéré un des territoires les plus vastes d’Australie dans le cadre du Native Act Title.
Avant les années 60 beaucoup d’entre eux n’avaient pas rencontré d’occidentaux.
Les premiers contacts, tel un choc de deux civilisations, débutèrent avec l’établissement entre 1901 et 1907 d’une barrière de 3200 km à travers le pays Martu pour éviter la dissémination des lapins. Puis entre 1906 et 1907 avec la création de la Canning Stock Route pour acheminer des bovins à travers le désert. Plus grande route de transhumance au monde sur 1800 km, elle provoqua des actes brutaux contre les Aborigènes, afin qu’ils révèlent les emplacements des trous d’eau sacrés pour abreuver les troupeaux.

IMG_7110.jpg

Aux confins de plusieurs déserts, leur territoire éloigné offre des paysages à couper le souffle, où alternent d’élégantes dunes de sable rouge et d’anciens épanchements d’eau et lacs salés poudrés de blanc nacré.
A l’ouest de leur territoire, au niveau de la Canning Stock Route, d’anciennes rivières des temps géologiques se réveillent en fonction des saisons et serpentent entre les dunes du désert dans un contraste surprenant.

IMG_7117.jpg

Ces lieux habités depuis plus de 40 000 ans par les Aborigènes d’Australie portent en eux les histoires du Tjukurpa et de la Création.
Le lieu particulier de Wantili près du puit numéro 25 de la Canning Stock Route, résonne à Bruxelles avec 10 œuvres de 4 artistes qui l’évoquent et le célèbrent dans leurs toiles. Deux œuvres magistrales de trois mètres des peintres Ngamaru Bidu (1949) et Bugai Whyoulter (1939) soulignent avec des individualités tout à fait contrastées leurs liens claniques à ce lieu et l’histoire du Temps du Rêve dont elles sont les gardiennes tutélaires.

Œuvre magistrale de l’artiste Ngamaru Bidu. Titre : Wantili. Format : 125 x 300 cm, Acrylic on linen. Ref : 19-953.. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili Art. Cette peinture proposée à Bruxe…

Œuvre magistrale de l’artiste Ngamaru Bidu. Titre : Wantili. Format : 125 x 300 cm, Acrylic on linen. Ref : 19-953.. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili Art. Cette peinture proposée à Bruxelles fut finaliste du John Stringer Art Prize 2019, et exposée dans ce cadre à la prestigieuse John Curtin Gallery de l’université éponyme de la ville de Perth. Plus d’informations sur ces peintures d’art Aborigène.

Les deux artistes évoquent avec leurs styles graphiques différents et leurs émotions propres, l’histoire essentielle des 7 sœurs, grands ancêtres qui traversent ces lieux de Wantili (puit n° 25), en direction de Tiwa (puit n°26), puis vers le lieux clefs de Juntujuntu (puit n°30)… En ces temps immémoriaux, nous sommes aux origines du monde. Les 7 sœurs inventent le territoire, le marquent de stigmates dans les fissures de la roche, dans la création des trous et épanchements d’eau. Puis elles s’affranchissent des frontières entre Western Australia aujourd’hui et Northern Territory, pour continuer leur dynamique de création autour de Kiwikurra, avant de s’évader dans le ciel et de créer la constellation des Pléiades.

Ces histoires nous connectent à ces lieux sacrés au-delà des océans, célébrés par des cohortes de générations successives à travers les millénaires, dans la même dynamique que l’artiste Bugai et son petit-fils Cyril Whyoulter (1985) qui reprend le flambeau. L’acuité du récit graphique de Cyril se distingue à la galerie du geste énergique et fondu de sa grand-mère Bugai. Chacun avec son langage évoque l’histoire de Wantili, avec son niveau de connaissance et les chemins contrastés des âmes.

Cyril Whyoulter (1985) - Wantili (Well 25) - 152 x 75 cm - ref : 19-200. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili Art.

Cyril Whyoulter (1985) - Wantili (Well 25) - 152 x 75 cm - ref : 19-200. © Photo : Aboriginal Signature Estrangin gallery with the courtesy of the artists and Martumili Art.

La main libérée de l’artiste Aborigène au crépuscule

La main libérée de l’artiste Aborigène au crépuscule

Je me souviens de cette main fragile, toute ridée, presque décharnée, qui dansait sur la peinture. Il lui manquait quelques phalanges, suite à la difficile vie dans les déserts australiens. Sur la toile, elle déposait des points avec virtuosité et concentration, juste munie d’une fine baguette de bois pointue. Cette main tremblait par moment, sans chercher la perfection, mais juste dans l’émotion du partage d’une histoire inscrite en elle. Si souvent cette main avait caressé les lieux représentés sur la peinture, comme cette roche rouge pulvérisée par des millions d’années d’érosion, dans une intimité toute particulière avec le Temps du Rêve Aborigène. Ici la plissure dans la roche évoquait le cheminement des 7 sœurs à travers le territoire, grands ancêtres entre ciel et terre, entre l’accomplissement de la Loi et la Création des constellations comme Orion et les Pléiades.